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Importance des sites mayas pour la conservation des chauves-souris

mardi 16 février 2010, par Association l’Ascalaphe

Des chauves-souris chez les mayas ?

Et si les sites Précolombiens, merveilles architecturales de l’Amérique centrale, en plus d’être une aubaine touristique pour les autorités locales, étaient de véritables hot-spots à Chiroptères ?

C’est en tout cas ce que semblerait révéler une petite étude menée par l’association l’ascalaphe cet hiver entre Guatemala, Mexique et Honduras. La méthode fut simple ; visiter de jour 11 des principaux sites Mayas de la région (Coba, Copan, Bonempak, Ek Balam, El Peru, Palenque, Tikal, Tonina, Tulum, Uxmal,) en simple touriste lambda, néanmoins munis d’une lampe pour fouiller et recenser les Chiroptères présents.

Le constat est éloquent ! Des chauves-souris ont pu être recensées dans 9 des 11 sites visités. Au total, ce sont ainsi près de 16 espèces de Chiroptères, répartis en 6 familles (Emballonuridae, Molossidae, Natalidae, Noctilionidae, Vespertilionidae, Phyllostomidae) qui ont pu être dénombrées. Dans 20% des cas, celles-ci se trouvaient en cavités arboricoles (trous de pic, feuille de bananier ou entaille) au sein du site et dans 80% des cas, celles-ci se trouvaient à l’abri de la lumière dans des salles de temples pourtant quotidiennement fréquentées par les touristes.

Les espèces qui profitent au mieux de ces gîtes anthropiques sont les Emballonuridae, présents dans 5 des 11 sites. Les 3 petites espèces rencontrées (Balantiopteryx io, Rhynchonycteris naso et Saccopteryx bilineata) se contentent en effet souvent de peu d’obscurité. Vient ensuite la très grande famille des Phyllostomidae, rencontrée sur 4 sites, aussi bien dans les souterrains obscurs de « l’Infra-monde » (Carollia sp., Glossophaga sp.), dans les hauts plafonds des temples ou pyramides (Trachops cirrhosus, Macrophyllum macrophyllum…) ou à l’abri de la lumière et de la pluie sous les grandes feuilles soigneusement découpées et pliées des bananiers des parcs (Artibeus phaeotis, A. jamaicensis…).

Il semble enfin que les sites mayas soient d’excellents refuges pour la famille des Molossidae (3 espèces rencontrées). Les immenses Ceiba (arbres emblématiques) de plus de 50 mètres de haut conservés dans la plupart des sites ainsi que l’ensemble des disjointements de temples et pyramides sont autant d’abris pour eux. La découverte d’une colonie d’au moins 2000 Nyctinomops laticaudatus (Molossidae) à Uxmal (Mexique), répartie en petits groupes de plusieurs dizaines, entre les pierres et dans les différentes salles des 98 m de long du palais du Gouverneur en est une excellente preuve.

A l’heure où la disparition des forêts tropicales d’Amérique centrale est loin d’être enrayée, et où cultures sur brulis et pâtures à bovin remplacent inlassablement les luxuriants habitats de forêt primaire, il semblerait que les sites archéologiques, aujourd’hui largement protégés puisse jouer un rôle particulier pour la conservation des Chiroptères de la région. La réalisation de véritables études sur la diversité des Chiroptères au sein des sites touristiques mayas pourraient se révéler extrêmement intéressante.

R. Colombo et A. Pichard


Pour aller plus loin, ci-dessous un article en espagnol sur les relations entre l’art maya et les chiroptères.

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